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GUIDE PRATIQUE - Quelle épaisseur d'isolant nécessaire pour ne plus entendre la télévision de vos voisins ? Votre propriétaire doit-il payer les travaux ? Toutes les réponses ici.

Vous avez l'impression de manger, dormir et regarder la télévision avec vos voisins ? Des solutions techniques existent pour isoler phoniquement votre appartement ou votre maison mitoyenne.

Voici quelques conseils, récoltés auprès d'acousticiens, de l'Ademe (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), et du CIDB (le centre d'information et de documentation sur le bruit), qui pourraient bien changer votre vie.

Pour isoler du bruit... il faut isoler

Conseil n°1 : Acceptez d'échanger quelques cm2 contre un vrai confort

Pour une isolation phonique efficace, des travaux sont nécessaires et il va falloir sacrifier quelques centimètres pour doubler les cloisons, si la gêne vient de voisins du même étage.

"Les solutions miracles minces, ça ne fonctionne pas" : Eric Gaucher, président du syndicat Cinov-Giac, qui regroupe les ingénieurs et les bureaux d'études spécialisés en acoustique, est catégorique.

Jacques Roland, acousticien et conseiller scientifique au CIDB, confirme : "Si un particulier ne gagne que 3 décibels, au quotidien, il ne va même pas sentir la différence."

Le spécialiste conseille donc de prévoir une isolation de 6 à 8 cm (laine de verre par exemple + deuxième paroi), pour réduire le volume jusqu'à 50 décibels.

Conseil n°2 : Isolation phonique et thermique, même combat

Il existe des matériaux performants à la fois pour isoler du bruit et empêcher la chaleur de s'échapper. Ces solutions sont détaillées dans le guide de l'Ademe, "Isoler son logement du bruit". Avantage non-négligeable : combiner les deux chantiers est économique !

Locataire ou propriétaire : qui s'occupe des travaux ?

Conseil n°3 : Le propriétaire est responsable du respect des normes... et c'est tout

Le propriétaire n'est pas obligé de réaliser des travaux pour améliorer l'isolation phonique. (En revanche, il ne peut pas s'opposer à ce que le locataire réalise ce type de travaux).

Mais le logement doit être conforme à la réglementation acoustique applicable à l'ancien ou au neuf, qui varie selon l'année de construction. Dans le cas contraire, la mise aux normes est à la charge du propriétaire de la maison / de l'immeuble, ou des copropriétaires.

Pour les bâtiments dont le permis de construire a été déposé après le 1er janvier 2013, il suffit de demander l'attestation de prise en compte de la réglementation acoustique. Le GIAC propose une assistance gratuite pour comprendre cette attestation.

Pour les bâtiments plus anciens, l'occupant du logement peut faire venir un acousticien, à ses frais, pour vérifier la conformité aux normes.

Conseil n° 4 : Au locataire de gérer les nuisances du voisinage

Si votre voisin joue du piano (ou s'il pratique le jogging d'intérieur), vous subirez des nuisances, même si votre logement est aux normes.

C'est à l'occupant du logement d'aller discuter avec les voisins bruyants, pour trouver une solution. L'association anti-bruit de voisinage accompagne dans les démarches éventuellement nécessaires (règlement amiable ou procédure pénale).

Si des travaux sont nécessaires, ils seront à vos frais, à moins d'entamer une procédure judiciaire et de démontrer que des travaux engagés par vos voisins (par exemple, remplacement de la moquette par du carrelage) ont dégradé l'isolation phonique.

Isoler les bonnes cloisons

Conseil n° 5 : Faire venir un expert, et dans un immeuble, se cotiser avec les copropriétaires

Eric Gaucher, du Cinov-Giac, recommande de faire venir un acousticien : "On a de fortes chances de dépenser de l'argent pour rien si on n'isole pas la bonne cloison de la bonne manière." C'est un investissement important, qu'il estime à 1000 euros par jour, plusieurs jours pouvant être nécessaires, mais qui peut être réparti entre les copropriétaires si l'expert intervient à la demande du syndic dans tout l'immeuble.

Conseil n°6 : Vérifier soi-même par quelles cloisons se propage le bruit

Jacques Roland, expert auprès du CIDB, donne une astuce (gratuite) pour vérifier si vous devez isoler d'autres cloisons que celle qui vous sépare directement de vos voisins. En effet, si l'on isole que la cloison mitoyenne et pas les cloisons mitoyennes, il arrive que l'on n'observe pas de changement.

"Demandez à votre voisin de faire du bruit et collez l'oreille à toutes vos parois. Si vous entendez aussi bien qu'à travers la paroi mitoyenne, il faut aussi traiter à cet endroit."

Pour la télévision du voisin : doubler les cloisons

Conseil n° 7 : Trois solutions pour isoler les parois

Pour isoler une cloison déjà existante, trois solutions existent, détaillées encore une fois dans le livret de l'Ademe :

  • le complexe de doublage à coller,
  • le doublage sur ossature métallique,
  • la contre-cloison maçonnée désolidarisée.

Eric Gaucher, du Cinov-Giac, conseille de faire appel à un professionnel pour dimensioner le doublage des murs correctement, de façon à ce qu'il soit efficace.

Conseil n°8 : Oubliez les panneaux de liège

Le liège est un isolant phonique... dans certaines conditions seulement. Contre un mur, il facilite la transmission du bruit. Jacques Rolland déconseille formellement de coller des plaques de liège sur les cloisons, ce qui serait contre-productif.

Conseil n° 9 : Bouchez les trous

Le bruit passe là où l'air passe. Alors bouchez les trous éventuels, en veillant à ne pas empêcher le renouvellement d'air.

Pour les bruits de choc : isoler le sol

Conseil n°10 : Demandez à vos voisins d'opter pour de la moquette

Ou du vinyle. Ce sont les revêtements de sol les moins chers et les plus efficaces pour assourdir les bruits de choc (de cet adorable bambin qui joue au foot par exemple). S'il refuse, vous pouvez isoler votre plafond, comme l'explique la brochure de l'Ademe, mais c'est plus coûteux et compliqué.

Derniers conseils pour la route

Conseil n°11 : Revoir l'agencement de son logement

Plutôt que de laisser sa tête de lit contre le mur mitoyen à l'appartement voisin, vous préférerez sans doute vous en éloigner au maximum, et installer un dressing contre le mur incriminé pour atténuer les bruits. Lorsque cela est possible, revoir l'agencement des pièces peut déjà améliorer la situation.

Conseil n°12 : La “boîte dans la boîte”, la solution ultime

Si vous êtes très sensible au bruit (ou que vous pratiquez la batterie et souhaitez épargner vos voisins), reste la solution de la "boîte dans la boîte". Elle consiste en une pièce dans la pièce, qui n'a aucun contact avec les parois d'origine.

"C'est le plus efficace, mais cela coûte au moins 20 000 euros, et il y a des contraintes, notamment des double-portes", considère Jacques Roland.

Conseil n°13 : Appeler la permanence du CIDB

Le CIDB a mis en place une permanence Info Bruit. Tout particulier peut appeler pour des conseils personnalisés et gratuits.

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