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ZÉRO-DÉCHET - Les Alchimistes ont créé la première mini-usine de compostage, qu'ils alimentent en collectant les biodéchets à vélo. C'est moins de CO2 et moins de pollution !

Composter les épluchures, les restes alimentaires et les déchets verts issus du jardin, plutôt que de les enfouir ou les incinérer, c'est bien. Les composter en ville, en limitant au maximum les transports polluants, c'est encore mieux !

Oubliez les camions poubelles, pour collecter les biodéchets, les Alchimistes, jeune entreprise parisienne, misent sur un moyen de transport écologique et discret : le vélo.

Tous les jours, un salarié pédale pour récupérer les biodéchets de ses clients, notamment des restaurants. Une fois remplis, les seaux sont ramenés sur le site des Grands Voisins, dans le 14e arrondissement de Paris.

© Florian Bérenguer

La jeune entreprise y a installé la toute première mini-usine de compostage en pleine ville, une unité expérimentale à laquelle doit bientôt s'ajouter une seconde usine dans le 18e arrondissement.

Le circuit court de la collecte des déchets

Une nouvelle alternative en circuit court, plus écologique que les grandes plateformes de compostage qui existent actuellement pour valoriser ces déchets biodégradables.

"Jusque-là on a eu cette logique de collecter massivement les déchets et de les envoyer à l'extérieur de la ville dans de grosses installations", explique Fabien-Kenzo Sato, cofondateur des Alchimistes, dans cette vidéo de présentation.

"Nous ce qu'on fait, ce sont des installations de compostage professionnelles, de taille intermédiaire, qui vont pouvoir s'insérer dans la ville sans nuisance, tout en produisant un compost de qualité."

Du compost frais en 12 jours seulement

Ici, les biodéchets collectés à Paris sont d'abord passés dans un broyeur puis versés dans une cuve de 200 kilos. Petite mais efficace ! Car ce composteur mélange la matière toutes les heures et demi, pour accélérer le processus de maturation.

"Il faut 12 jours pour obtenir du compost frais, contre 9 mois à 1 an quand on fait du compost chez soi, et 4 à 7 mois sur une plateforme de compostage classique", détaille Alexandre Guilly, deuxième cofondateur des Alchimistes.

© Florian Bérenguer

Pas de mauvaise odeur, ni de risque de contamination, puisque les déchets ne sont pas accessibles aux nuisibles dans cette cuve fermée. Et à la sortie, ce compost local est prêt à être vendu aux paysagistes, aux particuliers comme aux jardins partagés.

Composteur de quartier, un métier d'avenir

Au-delà des arguments écologiques, les Alchimistes veulent changer notre rapport aux déchets. "Tant que la poubelle sera une boîte noire, il sera difficile de se responsabiliser", considère Alexandre Guilly.

Plutôt que d'enfouir les poubelles loin des villes, les valoriser près des habitations permet de visualiser directement la quantité de déchets que l'on produit, et incite à la diminuer.

L'usine de compostage nouvelle génération est accessible au grand public. Les Alchimistes ont par exemple fait visiter cette installation à taille humaine à de jeunes collégiens, pour les sensibiliser.

C'est aussi l'occasion de donner une place centrale aux personnes qui travaillent dans ce secteur. “Si on ouvre des sites loin de la ville, on industrialise, on segmente les métiers entre éboueurs, conducteurs, opérateurs sur la chaîne, développe Alexandre Guilly.

Lui imagine un nouveau métier, plus valorisant : un "super concierge de quartier", qui connaît les restaurants et les espaces verts autour de chez lui, "collecte une matière qui sent mauvais et en fait du compost pour faire pousser des roses".

Une collecte à vélo auprès des particuliers ?

Pour le moment, les clients des Alchimistes sont des professionnels, qui sont facturés en fonction du nombre de collectes par semaine. Les Alchimistes ne prévoient pas d'étendre leur tournée aux particuliers, qui paient déjà des taxes pour le traitement de leurs déchets, même si quelques voisins apportent spontanément leurs biodéchets directement au composteur.

Mais, d'ici 2025, toutes les collectivités devront organiser la collecte séparée des biodéchets auprès de leurs habitant-es, comme elles le font déjà pour les déchets recyclables.

Parmi les différentes solutions envisagées, la collecte à vélo pourrait se généraliser pour que les villes soient sûres de collecter un maximum de ces précieux déchets !