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MODE DE VIE - Réaction à l'hyper consommation, changements de vie, nous pouvons tous être amenés à faire le vide dans nos objets à certains moments de notre vie.

Il est partout. Ce mot qui appelle à stopper la boulimie d'objet est la tendance de ces derniers mois. On trie, on jette, on recycle, pour ne finir qu'avec le strict nécessaire chez soi.

Alexandra Balikdjian, docteur en psychanalyse à l'Université libre de Bruxelles, spécialiste du comportement des consommateurs, revient pour 18h39 sur la genèse du minimalisme, mais aussi sur ce qui pousse de plus en plus de personnes à se rallier à ce nouveau mode de vie.

Comment peut-on définir le minimalisme ?

L'idée du minimalisme est de réduire le nombre de biens que l'on possède afin de ne garder que ce dont on a réellement besoin.

Ce besoin varie en fonction des personnes. Certains vont se lancer dans un tri gigantesque au point de ne garder qu'une centaine d'objets quand pour d'autre, trier leurs armoires dans l'optique qu'elles arrivent à se fermer sera déjà une grande victoire.

Il n'existe pas un minimalisme, mais des minimalismes. Chacun doit y aller à son niveau.

Comment est né ce mouvement ?

Il est né en réponse à une tendance à la sur-consommation. Lorsque l'on va au supermarché, on repart bien souvent avec d'autres choses que celles que l'on avait prévu d'acheter. 

Faire ses courses ne répond désormais plus à la seule nécessité de répondre à nos besoins de base. On y recherche aussi ce qui peut nourrir aussi notre identité. Désormais, “avoir” peut être synonyme “d'être”.

En réaction, s'est donc développé le minimalisme ?

Oui, pour certains. Ils étaient des acheteurs impulsifs ou compulsifs, aux placards encombrés. Ils se posaient alors la question de savoir si ces objets représentaient vraiment ce qu'ils étaient. Et s'ils avaient besoin d'eux pour exister.

La méthode de Marie Kondo (une consultante en rangement japonaise qui développé sa propre méthode de tri) est représentative de ce mouvement. Elle incite à garder uniquement les objets qui nous rendent heureux.

Existe-t-il d'autres facteurs déclencheurs d'un passage au minimalisme ?

Lorsque j'ai mené mon étude sur le comportement des consommateurs, j'ai pu observer que beaucoup de ceux qui se lançaient dans un tri vivaient en même temps un grand moment de leur vie.

Lors d'un déménagement par exemple, ils se rendaient compte qu'ils vivaient finalement très bien avec la moitié de leurs cartons encore emballés. Ce vide leur était agréable. Mais c'est aussi le cas lorsqu'un couple va avoir un enfant et qu'il s'agit de faire de la place dans un appartement, ou lorsqu'un couple se sépare.

Il n'y a donc pas vraiment de profil type de personne qui se lance dans le minimalisme. Mais plutôt des moments qui agissent comme déclencheur.

Le minimalisme peut parfois avoir un côté austère...

Effectivement, mais c'est parce qu'on nous répète souvent que le bonheur, c'est d'avoir beaucoup de choses, de pouvoir consommer et de répondre à ses envies qui sont sans cesse renouvelées.

Donc a contrario, se séparer de ses objets et moins ou mieux consommer peut renvoyer une image un peu triste.

Ce n'est pourtant pas le cas. Il existe désormais plein de tutos sur internet qui expliquent comment faire le tri, différentes méthodes pour ranger ont été publiées, il existe même des entreprises qui proposent des services de rangement. Une vraie communauté, loin d'être austère ou ennuyeuse, est en train de se créer.

Ce mouvement va-t-il évoluer ?

Oui, c'est une tendance qui va progresser, va devenir encore plus accessible. Mais je ne pense pas qu'elle finisse par remplacer la consommation actuelle. Certains continueront de consommer comme ils le font, peut être jusqu'à un futur changement de vie !