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RANGEMENT - Des sites internet proposent des solutions de stockage entre particuliers. Un système bien moins cher que les garde-meubles traditionnels... et qui rapporte au propriétaire.

Il y a six mois, Eric Beton trouvait un locataire pour son meublé. Seul hic, celui-ci n'était pas intéressé par les meubles. Pas de quoi contrarier Eric, qui avait déjà la solution en tête. En trois jours, il avait trouvé un espace pour stocker toutes ses affaires, à 20 minutes de chez lui, à Rochefort-en-Yvelines.

Eric a déménagé ses affaires... dans la maison d'un particulier. Pascal Rome n'avait plus l'utilité de cette grande pièce à vivre de 40 m2. Il l'a donc mise en location sur un un site de stockage entre particuliers, costockage.com.

Ce site n'est pas le seul à proposer ce nouveau service en France. Deux autres plateformes surfent sur la même idée, ouistock.fr et jestocke.com.

En tout, 450 000 m3 sont proposés à la location dans toute la France. "On pensait proposer un service urbain, et on a été assez étonné, raconte Simon Ryckembusch, co-fondateur de ouistock.fr. 30% des échanges se font dans des petites villes ou à la campagne, où il n'y a pas de garde-meuble."

Un échange gagnant-gagnant

Les trois sites ont le même argument choc : des tarifs largement inférieurs à ceux pratiqués par les gardes-meubles. "C'est une fourchette très large, ça varie entre Paris et la province, mais on est entre 30 et 70% moins cher", détaille Laure Courty, la fondatrice de jestocke.com.

Eric débourse 80 euros par mois pour 10 m3 chez Pascal, une somme qu'il trouve raisonnable, à tel point qu'il n'a pas pris la peine de faire un devis chez un professionnel. "Je savais que cette solution me coûterait moins cher", assure-t-il.

De son côté, Pascal Rome y gagne un revenu complémentaire. Avec six personnes qui entreposent leurs cartons chez lui, il touche entre 250 et 300 euros par mois. Pour lui, ce système ne présente que des avantages : "je travaille de chez moi, donc je suis là quand les locataires veulent déposer ou récupérer leurs affaires."

Des caves qui rapportent

Pour Sylvain Jeckel, le stockage entre particuliers a même été une bouée de secours. Quand son entreprise de manteaux en cuir a fait faillite, il venait de terminer le dernier livre du théoricien de l'économie du partage, Jeremy Rifkin. Ce qu'il en a retenu : "Pour faire de l'économie collaborative, il faut avoir quelque chose à partager."

Ici, les 10 mètres cubes sont loués 50 euros par mois.

Ici, les 10 mètres cubes sont loués 50 euros par mois. © Hugo Passarello Luna

Justement, Sylvain Jeckel avait 500 m2 de caves, maintenant vides, sous ses ateliers, dans le 10e arrondissement de Paris. En six semaines, grâce au site costockage.com, il a trouvé une vingtaine de locataires. Pour ceux qui le souhaitent, il a même aménagé des box grillagés.

Ses caves lui rapportent 40 000 euros par an, avant impôts. "C'est vraiment une solution d'attente, tempère-t-il, en bon homme d'affaires. Le business model n'est pas assez fort pour créer de la richesse, mais cela me permet de me maintenir et de ne pas manger mon capital."

Des situations d'urgence

D'ailleurs, tout n'est pas question d'argent dans le stockage entre particuliers. Pour Laure Courty, sa plateforme joue même un rôle social. "On a pas mal de situations d'urgence, par exemple des femmes qui se retrouvent à la rue avec leurs affaires après une séparation, raconte-t-elle. Quand les gens ne sont pas à l'aise avec internet, on les accompagne par téléphone pour trouver une solution, et on ne fait rien payer en plus."

Souvent, ceux qui appellent disent que leurs affaires sont toute leur vie. Alors forcément, l'aspect sécurité est important. Les trois plateformes de stockage incluent des assurances dans le prix de la location, contre les dégâts des eaux ou encore le vol.

Et si un particulier cachait dans ses cartons des armes ou d'autres marchandises prohibées ? Aucune inquiétude à avoir sur ce plan : la personne qui loue une partie de son habitation est dégagée de toute responsabilité devant la justice.

Un inventaire est bien prévu au moment de la signature du contrat. Mais Eric n'a pas demandé à ouvrir les cartons. Cette nouvelle offre de service entre particuliers repose avant tout sur la confiance.