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RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE - Pour accélérer la rénovation énergétique des 200 000 passoires énergétiques ciblées par le gouvernement, Ma Prime Rénov' va évoluer en 2024.

Les aides de Ma Prime Rénov' existent depuis 2020, soit trois années qui permettent aujourd'hui de tirer un premier bilan de l'expérience, et par conséquent de rectifier le tir en réorientant une partie des primes. En octobre dernier, un rapport a été rendu par le ministère de la Transition écologique sur le sujet, qui dresse un tableau riche d'enseignements pour la suite.

Tout d'abord, le dispositif a d'ores et déjà permis à 530 000 dossiers d'être soldés en 2022 par Ma Prime Rénov' dite "classique". Le rapport estime que les économies conventionnelles d'énergie engendrées par ces travaux aidés sont de 3,7 TWh/an pour les travaux engagés et 3 TWh/an pour les travaux soldés. Ce qui représente une réduction d'émissions de gaz à effet de serre de 1,56 million de tonnes d'équivalent CO2 par an.

Si ces chiffres sont encourageants, le nouveau visage de Ma Prime Rénov' en 2024 devrait rendre le dispositif plus efficace et mieux ciblé.

Quel bilan tirer des premières années de Ma Prime Rénov' ?

L'installation de poêles à bois représente 30% des gestes de rénovation énergétique en 2022. © Castorama

Des travaux surtout "monogestes", parfois au détriment de la performance énergétique

Par "monogeste", on entend des travaux qui concernent un seul secteur de la rénovation énergétique. Ils représentent 89% des dossiers soldés en 2021 et 85% en 2022. Parmi eux, c'est l'installation d'équipement qui prédomine : chauffage et eau chaude sanitaire (85% en 2020, 70% en 2022), Suivent l'installation de poêles à bois (30%), puis les pompes à chaleur (air-eau ou thermodynamiques) avec 21 % des gestes en 2022.

Mais l'efficacité énergétique de ces équipements varie grandement. Même si elles représentent moins d'un quart des aides, les pompes à chaleur concentrent plus de la moitié des économies d'énergie ! 57 % en 2020 et 2021, 58 % en 2022. Avec 2,3 MWh/an par installation, les poêles à bois ont une moindre efficacité énergétique et ne représentent que 12 à 13 % des économies d'énergie.

Plus lourds, les travaux d'isolation (toitures, murs, fenêtres) représentent 12% des gestes dans les dossiers soldés en 2020, et près de 25 % des gestes en 2022. Le rapport indique que "les délais nécessaires à leur réalisation expliquent que peu d'entre eux aient pu aboutir en 2020, année de lancement de Ma Prime Rénov', contrairement aux systèmes de chauffage plus rapides à installer."

Dotés d'une bonne isolation thermique et bon déphasage, les panneaux en fibres de bois sont parfaits pour des combles. © Castorama

Un reste à charge qui varie beaucoup

Concernant les rénovations "multigestes", qui combinent au moins deux travaux, elles sont passées de 10,6 % en 2021 à 15,3 % en 2022, et concernent à 99 % des maisons individuelles. Un chiffre encore trop bas pour véritablement mettre fin aux passoires thermiques, d'autant plus qu'il s'agit la plupart du temps de deux gestes seulement, dont certains ne sont pas très efficaces en termes d'économies d'énergie, comme la pose de fenêtre plus l'installation d'une eau chaude sanitaire.

En revanche, les gains d'énergie peuvent être importants quand on associe des travaux d'isolation des murs ou de la toiture avec l'installation d'un nouveau chauffage. Le choix de ces gestes et de leur nombre dépend beaucoup du reste à charge suite à Ma Prime Rénov'. Du côté des gestes les plus aidés et les plus intéressants du point de vue énergétique, on compte les chaudières à granulés (reste à charge 10 200 € en moyenne), les PAC air-eau (reste à charge 10 500 €), et enfin les poêles à granulés ou à bûches (reste à charge 3300€ pour les uns, 3400 € pour les autres).

Quelles sont les nouveautés de Ma Prime Rénov' en 2024 ?

Des primes rehaussées pour les ménages modestes

En 2024, le budget alloué à Ma Prime Rénov' augmente de 1,6 milliards d'euros pour atteindre 5 milliards d'euros en tout. Surtout, ces aides seront réparties différemment, afin de prendre en compte les enseignements des premières années. Ainsi, la prime pourra par exemple financer des chantiers jusqu'à 70 000 euros, contre 35 000 actuellement. Sur le montant des travaux, le gouvernement annonce une prise en charge jusqu'à 90% pour les ménages précaires (Ma Prime Rénov' Bleu), et 80% pour les ménages modestes (Ma Prime Rénov' Jaune).

Plus les travaux permettent de progresser dans le tableau des classes énergétiques, plus les aides sont conséquentes. En détail : 40 000 euros pour des travaux permettant au logement de passer d'une classe énergétique à une autre, 55 000 euros pour trois classes, jusqu'à 70 000 euros pour 4 classes et la sortie du statut de passoire énergétique.

Ce sont les pompes à chaleur air-air qui représentent le meilleur gain en économie d'énergie. © Castorama

Les pompes à chaleur mises à l'honneur

Comme on l'a vu, la pompe à chaleur est un dispositif qui permet un large gain d'économie d'énergie, tout en limitant drastiquement les émissions de CO2. Par conséquent, le gouvernement met les bouchées doubles : La subvention va passer de 1 000 euros à 2 000 euros pour les ménages modestes et intermédiaires (Jaune et Violet dans le barême). Pour accompagner cette hausse, le ministère de la Transition écologique table également sur le développement d'une filière Made in France capable de tripler sa production.

La lutte contre les "bouilloires thermiques"

Alors que Ma Prime Rénov' se focalisait beaucoup sur la rénovation énergétique contre le froid, elle s'intéresse désormais au "confort d'été". Des aides vont être débloquées pour aider les travaux qui permettent de lutter contre les canicules dans les logements pendant l'été. 

Les particuliers pourront s'équiper de pompe à chaleur air/air (autrement dit de climatiseur) pour rafraichir leur logement pendant l'été, mais aussi des ventilateurs, des protections solaires sur les volets et des filtres sur les fenêtres. 

Les rénovations multigestes encouragées

L'expérience des premières années montrent que les rénovations multigestes sont plus efficaces, mais encore trop peu nombreuses. C'est pourquoi, en 2024, il ne sera plus possible pour un propriétaire de passoire thermique de profiter de Ma Prime Rénov' s'il souhaite uniquement changer de chauffage, par exemple. Il faudra nécessairement réaliser plusieurs gestes.

En revanche, dès la classe E, il sera possible de changer uniquement de chauffage et d'obtenir une aide. De même, les copropriétés et les propriétaires d'appartement disposeront des mêmes subventions qu'auparavant, sans forcément devoir réaliser plusieurs travaux de rénovation.

Un écosystème global plus performant

Mais pour atteindre le chiffre ambition des 200 000 "rénovations performantes" en 2024, il faudra mobiliser d'autres ressources. Ainsi, le dispositif Mon Accompagnateur Rénov' sera désormais obligatoire pour les chantiers les plus importants. Ce tiers de confiance assure un accompagnement des particuliers dans tout leur parcours de travaux en proposant un appui technique, administratif, financier et social. C'est aussi une bonne garantie contre les arnaques !

Plus largement, l'ensemble des filières doit continuer à recruter et professionnaliser les formations. Le gouvernement estime qu'il manque 200 000 emplois dans les métiers de la rénovation, qu'il s'agisse des artisans RGE ou des diagnostiqueurs en performance énergétique. Le DPE, notamment, va faire l'objet d'une réorganisation par le gouvernement.

Simulez vos aides en un clic !

Grâce à son simulateur, Castorama propose également de tester votre éligibilité afin de connaitre les aides auxquelles vous pouvez prétendre en moins de 5 minutes pour tous vos projets (isolation, ventilation, fenêtres, chaudière, pompe à chaleur, poêle à bois ou granulés...).